Être acteur dans la définition des règles de l’économie circulaire et non les subir
« La normalisation rend les industriels acteurs de la définition des règles, alors que dans la réglementation nous devons les subir. »
Directrice communication à la Fédération des Industries Mécaniques
Comment deux industriels engagés pour l’environnement et la santé se servent de la normalisation ? D’un côté, Carole Gratzmuller qui a repensé ses process pour garantir la santé des opérateurs. De l’autre, Pascal Vinzio qui travaille sur la durabilité des pompes et robinets produits par son entreprise.
Pascal Vinzio, vice-président Affaires Extérieures de KSB, se réjouit de la prise de conscience, notamment « de produire et d’acheter local. Un intérêt renforcé par la crise sanitaire. Encore faut-il que les bonnes intentions se transforment en actes et que les acheteurs jouent le jeu en ne fondant pas systématiquement leur choix sur le seul critère prix. Chez KSB nous privilégions une chaîne d’approvisionnement la plus locale possible ».
De son côté, Carole Gratzmuller, présidente d’ETNA Industrie et du comité d’orientation de l’UNM (Union de normalisation de la mécanique) a très tôt œuvré pour la santé et la sécurité de ses personnels : « Cela a conduit à revoir nos process pour remplacer des produits tels que le perchloréthylène ou les solvants chlorés par de l’alcool modifié ou des lessiviels ».
« Le bilan carbone d’une entreprise est révélateur de son implication dans l’économie circulaire »
ETNA Industrie pratique également l’éco-conception, notamment dans sa dimension de l’analyse du cycle de vie. « Nous pouvons ainsi développer des produits qui durent dans le temps, ce qui répond aux questions d’obsolescence. Nos produits sont rénovables et recyclables. C’est d’autant plus important qu’il s’agit d’organes de sécurité comme des disjoncteurs haute et très haute tension, des soupapes de sécurité, des accumulateurs ou des enclencheurs », indique Carole Gratzmuller.
Pour Pascal Vinzio, « le bilan carbone d’une entreprise est révélateur de son implication dans l’économie circulaire. L’éco-conception nous a conduits à améliorer l’efficacité énergétique de nos pompes tout au long de leur utilisation, pour introduire des équipements tels que des variateurs de vitesse qui ajustent le fonctionnement de la pompe au juste nécessaire. C’est vrai aussi dans le choix des matériaux qui doivent être les plus recyclables possible. D’une manière générale, tous les arbitrages se font au regard de la durabilité du produit ».
Ce qui a conduit Pascal Vinzio à briguer la présidence du comité de normalisation du CEN (Comité européen de normalisation) sur l’éco-conception des produits mécaniques. Dans ce cadre, il travaille à promouvoir au niveau européen un recueil de fiches qui permet d’évaluer et de comparer différents matériaux pour choisir celui qui aura le moins d’impact sur l’environnement en termes de production de déchets ou de recyclabilité par exemple.
« Le risque, c’est que la réglementation et la normalisation partent dans tous les sens »
Si la directive EcoDesign et les réglementations nouvelles fixent le cadre de l’économie circulaire en Europe, les industriels sont demandeurs de normalisation. Pour Carole Gratzmuller, « elle rend les industriels acteurs de la définition des règles, alors que dans la réglementation nous devons les subir. » En ce sens, elle est un facteur de compétitivité ». Il s’agit, par exemple, de définir une méthode pour évaluer la durée de vie résiduelle d’un produit, à partir de sa conception d’origine et de son exploitation. Autre exemple, la réutilisation des déchets d’usinage des roulements dans les fours d’aciéries encouragée par la norme sur les briquettes de meulures de roulements.
« Le risque, c’est que la réglementation et la normalisation partent dans tous les sens », estime Pascal Vinzio. D’où la création d’un groupe de travail européen chargé de coordonner l’ensemble des travaux qui concernent l’économie circulaire.
Cet article est rédigé par MécaSphère
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